Moneta 209
Les notables gaulois d'après César et leurs monnaies
De la guerre des Gaules à la romanisation
Georges Depeyrot
Les Gaulois n'adoptèrent que très lentement la monnaie. L'implantation de colonies grecques comme Marseille et leur développement au sixième siècle avant J.-C. n'a pas plus entraîné d'émissions locales en Gaule qu'ailleurs. Les Gaulois utilisèrent d'abord les monnaies d'Alexandre le Grand (336-323) qui arrivèrent vers la fin du quatrième siècle avant J.-C., puis se mirent à les imiter.
Petit à petit, à côté des copies des monnaies hellénistiques, des monnaies d'argent, de bronze, furent frappées. Cette lente évolution aboutit, au deuxième ou au premier siècle, selon les régions, à mettre en place des systèmes monétaires cohérents, prémices d'une monétarisation des échanges.
La très grande majorité des monnaies ne portaient pas d'indication nominative, mais des symboles qui pouvaient désigner l'identité de l'émetteur. Au cours du premier siècle avant J.-C. des noms apparurent en assez grand nombre, pouvant sans doute désigner des notables, des chefs de cités ou des magistrats.
On peut comparer l'ensemble constitué par les noms cités par César dans ses Commentaires avec ceux figurant sur les monnaies. Mis à part le cas de Vercingétorix, il n'y a que très peu de noms figurant dans les deux groupes. Les chefs d'armées ou de cités gauloises n'ont pas systématiquement éprouvé le besoin de produire des espèces. Les statères de Vercingétorix seraient alors un cas spectaculaire, mais presque unique.
Qui désignaient les patronymes des monnaies ? Très vraisemblablement des notables qui se sont ralliés à Rome, en échange d'honneurs et de confirmations de leur position sociale. Leurs frappes étaient donc l'expression publique de leur pouvoir et de sa reconnaissance par l'autorité romaine.
Abandonnant les types traditionnellement gaulois, ces notables se tournaient alors vers l'iconographie monétaire romaine dont ils s'inspiraient, faisaient figurer leurs noms, voire leurs tria nomina, selon les usages de l'atelier du Capitole. Ces espèces gallo-romaines, comme certaines inscriptions, sont des témoignages de l'évolution de la Gaule et de la pénétration de la romanité. Elles créèrent le premier important stock monétaire après la guerre des Gaules. Elles furent remplacées par les immenses productions des ateliers provinciaux proprement romains, comme celui de Nîmes dès 20 avant J.-C. et surtout par celles de l'atelier impérial de Lyon ouvert en 15 avant J.-C.
MONETA 209, 208 pages 120 euros ISBN 978-94-91384-77-6